Classique de la littérature québécoise, Le torrent révélait déjà à sa parution l’immense talent d’Anne Hébert. Publiée à compte d’auteur en 1950, cette oeuvre regroupait initialement cinq récits et nouvelles, dont « Au bord du torrent » en 1948, devenu « Le torrent » en 1950. C’est ce dernier texte qui donne son titre au recueil, augmenté de deux autres nouvelles lors de sa réédition en 1963 par Hurtubise HMH. « Le torrent » raconte le drame d’un jeune homme, privé de son enfance et « dépossédé du monde », qu’une mère acariâtre, pour cacher sa faute et son déshonneur, destine à la prêtrise. Les autres textes du recueil exploitent les thèmes de prédilection de l’auteure : l’amour éphémère ou impossible, l’angoisse et la difficulté de vivre, l’attente de la mort, la recherche d’équilibre et de vérité… L’écriture est dépouillée, mais puissante et toujours d’une grande rigueur.
Extrait
« Disponibles dans la Bibliothèque québécoise depuis 1989, les textes auxquels nous avons accès aujourd’hui ont généré tant de lectures critiques depuis soixante-quinze ans qu’ils sont devenus, en leur densité, extrêmement parlants. Ils appellent à une lecture psychologique de la révolte contre unparent dominateur, à une interprétation historique de la Grande Noirceur et des injustices que la bienpensance a pu susciter sur des êtres marginalisés, femmes, métisses et pauvres, à un appel à la libération du peuple, à une empathie pour celles et ceux qui sont malades et démunis, ces déshérités que réhabilite Anne Hébert en racontant leurs existences. » - Natalie Watteyne, extrait de l’avant-propos